• "La science n'est qu'une systématique et constante curiosité."
    (André Maurois 1885-1967)

Méridien de Paris et mètre étalon

Pour  répondre à une question d’un lecteur de “Champcueil, l’histoire retrouvée”, quelques précisions sur la mesure historique effectuée par l’abbé Picard en 1669 depuis le plateau de Malvoisine.
Le texte qui suit précise les rapports existants entre le fait scientifique relaté dans l’ouvrage :
la première mesure de longueur précise d’un méridien terrestre effectuée en 1669 et la création du mètre étalon qui n’interviendra qu’en 1791 par décision de l’Assemblée Constituante.méridien observatoire Paris
En 1669, l’abbé Picard, savant mathématicien avait en effet basé sa mesure sur un arc de méridien tracé entre Sourdon, dans la Somme, au nord et le plateau de Malvoisine situé à Champcueil, au sud.
C’est lors de la décision de construire l’Observatoire de Paris, prise en 1667 sous Louis XIV, que l’Académie des Sciences avait conçu l’idée d’un méridien de départ des longitudes qui passerait au centre des bâtiments du futur observatoire.
Les travaux effectués par l’abbé Picard s’inscrivaient dans cette démarche qui portait sur un arc de méridien, mesuré à proximité d’un futur « méridien de Paris » certes, mais dont il ne fait pas mention.
L’arc de méridien de 1°, 11’ et 57”, choisi entre Sourdon et Malvoisine, fut mesuré de 68.430 toises de Paris (ou du Chatelet) soit 135Km. Rapportée à un degré, cette mesure permit d’établir la longueur d’un méridien par l’abbé Picard qui indiquait clairement que «cette mesure, prise 360 fois donnerait la circonférence entière d’un méridien terrestre».
À la même époque, les unités « humaines » : pied, pouce, empan, coudée, pas, toise, arpent… étaient seules en usage et la subdivision décimale encore inutilisée. L’abbé Picard proposait d’ailleurs, avec d’autres scientifiques, « la longueur du pendule battant la seconde », comme étalon de mesure unique visant à remplacer les diverses toises en usage en France.
Une seconde mesure du « méridien de Paris » fut réalisée à partir de 1713 par les Cassini entre deux points situés à coté de Dunkerque au nord et près de Collioure au sud. Portant sur une distance cinq fois plus longue que la mesure effectuée par l’abbé Picard, la mesure était plus précise et elle sera provisoirement retenue en 1795 par la Convention pour la définition du mètre : dix millionième partie du quart du méridien terrestre.

Dès 1791, pour mettre fin à la multiplicité et à l’incohérence des diverses mesures et aux injustices insupportables qu’elles provoquaient, Condorcet avait proposé à l’Assemblée Constituante « un système de poids et mesures simple, basé sur une unité naturelle ayant un caractère universel, qui ne puisse être remis en question par aucun peuple de la terre et que cette unité soit déterminée avec suffisamment de précision pour qu’elle reste valable dans les temps à venir.»

C’est en 1799 que le résultat d’une troisième mesure sera finalement retenu pour l’établissement définitif du mètre-étalon.
Lors de ces mesures effectuées de 1792 à 1798 par les équipes de Jean-Baptiste Delambre et de Pierre Méchain entre Dunkerque dans le département du Nord et Barcelone en Espagne, le point géodésique champcueillois situé sur le plateau de Malvoisine, sera à nouveau utilisé.
Le point géodésique matérialisé par une borne encore visible sur Malvoisine, sera la troisième pointe du triangle formé avec le « point boréal » de Lieusaint et le « point austral » situé à Melun. C’est cette distance Lieusaint-Melun , précisément mesurée entre les deux points, qui servira de base aux calculs de triangulation effectués par Delambre au nord.
Dans le sud de la France, Pierre Méchain réalisera ses calculs à partir d’une seconde mesure effectuée entre Vernet et Salse, près de Perpignan.
C’est à partir de cette dernière campagne de mesures que le mètre étalon sera établi. Fait d’iridium et de platine et «dédié à tous les temps, à tous les peuples » il a été déposé en 1799 aux archives de la République avec son équivalent de masse : le kilogramme étalon.

Ces deux mesures étalon sont depuis déposées à Sèvres, dans le Pavillon de Breteuil devenu le siège du Comité International des Poids et Mesure. Le Pavillon abrite également l’organisation inter-gouvernementale du Bureau International des Poids et Mesures, créé en 1875 et qui a pour mission  l’unité mondiale des mesures.

Monument Méridien de Paris Cassini 1748

Mire de Manchecourt (Loiret) sur le Méridien de Paris
Cassini 1748

  Concernant le méridien de Paris qui servit de base aux mesures évoquées ci-dessus, il sera matérialisé par une bande-fresque traversant l’Observatoire de Paris, par plus d’une centaine de médaillons à l’effigie d’Arago dans Paris et enfin par des « mires » placées par les Cassini sur le parcours du méridien.

Le méridien de Paris passe 7,5 km à l’ouest de la place de l’église de Champcueil.Il traverse Saint-Vrain et passe près de la Ferté- Alais. On peut aisément voir une mire le long de la D 952 à Manchecourt dans le Loiret, entre Malesherbes et Pithiviers.
Enfin, la référence du « méridien de Paris » a été détrônée et remplacée en 1884 par le méridien dit de Greenwich. Situé près de Londres, ce méridien de départ des longitudes traverse l’observatoire royal de Greenwich à la manière du méridien de l’Observatoire de Paris conçu en 1667.L’heure solaire moyenne désormais utilisée est l’heure moyenne de Greenwich. ( Greenwich Mean Time ou GMT). Le plus récent évènement concernant le méridien de Paris se situe en 2000. L’architecte français Paul Chemetov avait proposé d’en faire une « méridienne verte », projet qui consistait à planter 10.000 arbres sur le trajet des mesures de 1799, de Dunkerque à Barcelone.

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