• "Les certitudes absolues sont des prisons."
    (Friedrich Nietsche 1844-1900)

L’ÉGLISE de CHAMPCUEIL

Champcueil église chœur

 

PATRIMOINE CHAMPCUEILLOIS

 

L’église de Champcueil    

Ultime monument du village à nous être parvenu du moyen âge, l’église a été classée monument historique en juin 1986, après des fouilles conservatoires menées un an plus tôt, suite à un projet irréaliste de chauffage par le sol.  En s’appuyant sur les enseignements de ces fouilles, sur les expertises qui les ont accompagnées et sur les textes connus, il est possible de préciser l’histoire de cette bâtisse historique qui trône au centre de la place depuis plus d’un millénaire.

C’est l’objet de cet article qui retrace le passé, le présent et évoque l’avenir de l’église de Champcueil, telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Cervidé Noisy-sur-École vers 6.000 ans avant notre ère.

Douze siècles d’histoire en raccourci.

 

Depuis la conquête du territoire gaulois par Clovis, premier roi Franc en 481, les guerres de clans entre rois Francs se succédèrent pour la possession de nouveaux territoires et de pouvoirs. Le « Pays » de Corbeil fut lui aussi l’objet de luttes d’annexions, jusqu’à la création du Comté de Corbeil en 947, lequel englobait Champcueil.

En marge de ces guerres entre prétendants au trône, des chefs de bandes itinérantes se livreront de leurs côtés à des prises de possession de territoires, afin d’en faire leurs fiefs seigneuriaux.

Ainsi, c’est aux pieds des dunes de grès laissées sur son rivage par la mer Stampienne[1], une mer intérieure disparue il y a plus de 20 millions d’année, que le chef d’une bande de soudards prendra ses quartiers. Il fera défricher une parcelle de la forêt qui recouvrait un endroit déjà occupé par les hommes de l’âge du bronze, entre deux rivières que l’on nommera bien plus tard l’École et l’Essonne. Une grande bâtisse en meulière gréseuse sera édifiée pour l’usage du chef de bande, ses soudards et ses suiveurs réaliseront quelques habitations en bois, recouvertes de chaume, et le chef se proclamera seigneur de ce hameau qui allait devenir son fief.

Graffitti Bois du vieux Cimetière. Champcueil. Vers 3000 ans avant notre ère.

Peut-être avait-il déjà donné à cet espace conquis le premier nom retenu par l’histoire :  CHANCOLIA[2], ou “champ dégagé au pied de la colline” ?

L’histoire n’a pas retenu le nom du premier seigneur de cette « villeneuve » qui deviendra Champcueil. La première trace écrite du nom de ce village et de son seigneur d’alors, Eudes de Chancolia, n’apparaîtra qu’en 1 096.

 

I – L’église primitive.

En devenant roi des Francs, Clovis avait abandonné ses dieux païens pour le rituel catholique, mais il faudra encore attendre les Carolingiens, deux siècles plus tard, pour qu’un premier édifice dédié à ce culte soit érigé à la place occupée par l’église actuelle.

En effet, les fouilles entreprises en 1985 sous le chœur de l’église ont mis au jour des fondations et à 1,20 mètre sous le niveau du sol, des pans de murs qui pourraient constituer le chevet d’une première bâtisse à caractère religieux, plus petite mais plus massive.

Les intervenants avaient supposé que cette église primitive aurait pu être édifiée vers le milieu de l‘époque carolingienne, soit vers le VIIIème ou IXème siècle.

Sachant cela, on peut avancer l’hypothèse d’un premier édifice cultuel champcueillois au début du IXème siècle, vraisemblablement sous le règne de Louis 1er le Pieux, si bien nommé. Empereur d’Occident, et successeur de Carolus Magnus, dit Charlemagne, Louis 1er régna de 814 à 840.

Église carolingienne vers le IXème siècle selon Violet-le-Duc

Les fondations ne permettent pas d’imaginer l’édifice tel qu’il était alors, de style roman très rustique, sans doute. La bâtisse devait ressembler à l’église carolingienne romane telle que Violet le Duc l’avait esquissée : une nef en berceau reposant sur des murs épaulés par deux “collatéraux”, un chevet droit, des fenêtres petites et rares, et pas encore de clocher. Une tour-lanterne devait être élevée au-dessus du chœur ou du faux transept, ce qui permettait aux habitants de repérer l’édifice de loin, même la nuit.

 

 

II- L’église romane.

 

La dynastie carolingienne, inaugurée par Pépin Le Bref en 750, prit fin en 987 avec l’avènement des Capétiens, initiateurs de la royauté de “droit divin”. Ce régime de royauté théocratique allait fonctionner en symbiose[3] avec le pouvoir religieux durant près de mille ans.  Il s’éteindra en juillet 1830, avec Charles X[4] et la fin brutale de la seconde restauration.

Vers 946, un premier comte de Corbeil et suzerain de Champcueil allait prendre possession du comté de Corbeil.  Il se nommait Aymon (ou Hémon). Son gisant est encore présent dans l’église Saint-Spire de Corbeil.

Gisant du comte Aymon Saint-Spire de Corbeil.

L’avenir d’Aymon et celui du futur pays du Hurepoix[5] s’étaient décidés à Paris, lors des fiançailles d’Esme, la fille d’Hugues le Grand avec Richard 1er, duc de Normandie.

A cette fête, écrit Jean de la Barre[6] « parut Hemon, fils d’Osmont le Danois, gouverneur de Richard 1er. Jeune homme de grande espérance, chery & caressé des Dames, il se trouva espris de la beauté & bonnes grâces d’Elisabeth, proche parente d’Hugues le Grand. » Elisabeth et Hémon furent mariez ensemble ; & en faveur de leur mariage, Hugues le Grand leur donna le comté de Corbeil… 

 

Le comté de Corbeil stabilisé, c’est autour de cet An Mil, dont la crainte populaire avait incité à la construction d’une profusion d’édifices religieux, que Champcueil (prononcer Chancoïllia !) voyait s’achever une église de style roman, édifiée sur l’emplacement de l’église primitive, « orientée »[7] selon la coutume. Les pièces d’architecture romane d’alors : murs, piliers…conservés et réemployés pour l’église actuelle vont nous aider à reconstituer ce que devait être cette église romane.

 

Église romane de Champcueil vers 1100

La nef centrale de l’église était vraisemblablement coiffée d’épaisses et lourdes voûtes d’arêtes, prenant appui sur les solides piliers encore présents aujourd’hui. Les voûtes des deux bâtiments collatéraux devaient être de même facture. Lors de la transformation partielle en style gothique qui allait intervenir deux siècles plus tard, les murs extérieurs et leurs fenêtres romanes allaient être conservés.  Au centre du transept[8], quatre piliers romans massifs, toujours présents, supportaient une tour lanterne.  Ce sont deux de ces piliers qui allaient servir d’assise intérieure au clocher, érigé au XIIIème siècle. On suppose que le chœur semi circulaire ne comportait pas encore de déambulatoire.

 

A l’extérieur de l’église romane, pas d’arcs boutants, mais de lourds piliers rectangulaires, engagés dans les murs extérieurs, pour contenir la poussée latérale. Ces piliers seront réemployés au XIIIème siècle pour constituer l’assise des arcs boutants retenant la poussée de la nef qui ne sera pas modifiée et qui conservera ses travées en voûtes d’arêtes jusqu’au XVIème siècle.

Un cimetière, ou camposanto, jouxtait l’église côté nord et il allait persister jusqu’en 1866. Ce sont des normes de salubrité qui imposeront alors le déplacement du cimetière en dehors du village, à sa situation actuelle.Ci-après, le plan reconstitué de l’église romane, telle qu’elle pouvait être en 1011, et un schéma d’élévation supposé.

Église romane supposée. vers 1100

Note I : Au début du XIème siècle, Champcueil dépendait du comté de Corbeil, lequel n’était pas encore intégré au minuscule royaume de France. Le projet de construction de l’église romane avait été initié sous le très catholique comte de Corbeil Bouchard  1er dit “Le vénérable”, qui finira sa vie dans un monastère de Saint -Maur-des-Fossés, où il mourra en 1007. Son successeur, le comte Maugis, mort en 1040, terminera son œuvre. Il y avait déjà à l’époque un seigneur de Champcueil, mais il n’est pas identifié. Le premier à apparaître dans un texte ecclésiastique fut Eudes de Chancolia, en 1096.

Plan supposé de l’église romane

Note II : L’église romane de Champcueil a longtemps été considérée comme l’église primitive. Plusieurs historiens l’affirmaient, en s’appuyant sur « L’annuaire de Seine-et-Oise » de 1865 où il était écrit que la paroisse de Champcueil, dépendante alors du diocèse de Corbeil, avait été créée en 1011. Mais il s’agissait de la « paroisse », dont la création a pu effectivement correspondre à l’ouverture au culte de l’édifice roman, et non de l’édification de l’église primitive, plus ancienne de deux ou trois siècles.

 

 

III- L’église gothique.

Église gothique Champcueil vers 1260

C’est au XIIIème siècle, à l’initiative de Péronnelle de Champcueil, fille d’un riche vicomte Beaudoin de Corbeil – Beauvais, qu’un agrandissement de la bâtisse romane allait être engagé, en style gothique primitif. C’est cette église, non modifiée dans ses volumes, à l’exception du clocher abaissé et du narthex ajouté, que nous pouvons voir aujourd’hui.

 

Avant d’évoquer la transformation de l’église romane en style gothique, quelques compléments d’histoire locale.

 

En 1130, le dernier comte de Corbeil, Hugues du Pussay, avait guerroyé contre le roi Louis VI le Gros. Battu à Toury, il dut s’exiler et le comté de Corbeil fut annexé au royaume de France.

Ce furent alors des vicomtes, désignés par le roi, qui allaient administrer Corbeil et sa région. Les vicomtes de Corbeil[9] étaient des seigneurs de proximité, et l’on trouve parmi eux une bonne dizaine de vicomtes issus de Beauvais[10], dont huit Beaudoin de Beauvais. Proches de la hiérarchie catholique, les vicomtes comptaient nombre d’ecclésiastiques dans leurs familles. Ainsi, le vicomte Ferri de Corbeil- Beauvais, grand-oncle d’un évêque de Paris, était le frère de Pierre de Corbeil, lui-même archevêque de Sens (Yonne) dont allaient dépendre l’église et la paroisse de Champcueil en 1187.

 

La transformation de l’église au XIIIème siècle.

C’est donc à Péronnelle, fille d’un vicomte Beaudoin de Corbeil-Beauvais, que l’on doit l’initiative de l’embellissement de l’église, vers 1240.

Le château de Corbeil ou « Donjon de Corbeil ».

Du Château du Donjon de Corbeil, ce “Bout du Pont” sur la Seine où elle logeait avec sa famille, et où elle côtoyait la reine douairière Blanche de Castille[11], Péronnelle prit l’initiative d’une “fondation” de l’église de Champcueil. Son projet consistait à agrandir l’église et à l’embellir en style gothique. Ces travaux furent vraisemblablement financés en grande partie sur les deniers de son père, 6ème Beaudoin de Corbeil-Beauvais, dont la famille était riche au point de prêter de l’argent au roi.

Allure générale de l’église après 1240

Relevé de l’Église de Champcueil 1988

Plan de l’église actuelle

Plusieurs travaux lourds furent entrepris. Un rehaussement important du chœur et du transept fut effectué, avec la création de voûtes gothiques primitives. Des arcs boutants furent réalisés au sommet des piliers engagés préexistants au niveau du chœur et du transept surélevés.

Une abside semi-circulaire abritant un déambulatoire allait être construite au-delà du chœur existant, et un clocher érigé sur le flanc nord de l’église.

Plan du chœur et emprise du clocher

Mais la nef ne sera pas réhaussée, et les voûtes épaisses de la nef et des collatéraux ne seront pas remplacés. Les travaux cesseront avant d’être achevés.

L’élévation de la partie orientale s’arrête en effet à la jonction de la nef et du transept sans que l’on en connaisse les raisons : manque d’argent, défection des contributeurs, difficultés socio-politiques ou environnementales…

Galerie du triforium chœur

Le triforium qui allège la structure du chœur et du transept s’arrête lui-aussi à la naissance de la nef centrale, là où s’étaient arrêtés les travaux d’élévation au XIIIème siècle. Sa création a vraisemblablement eu lieu lors des travaux et il n’a pas été poursuivi au-delà du transept.

 

D’après Stéphane Berhault[12], rédacteur d’un ouvrage savant sur l’église de Champcueil, la pierre calcaire utilisée était dite de « Château-Landon ». Elle provenait de carrières de cette commune du Gâtinais, située dans l’arrondissement de Fontainebleau, au sud de l’actuelle Seine et Marne.

Tiforium anciennes fenêtres obturées

On aperçoit derrière le triforium, des arcs de décharge de fenêtres murées, situées plus bas que les fenêtres hautes actuelles.

Ces ouvertures condamnées paraissent antérieures à la transformation de l’église en gothique primitif et avaient sans doute été ouvertes au XIème siècle.

Voûtes d’arête déambulatoire nord est.

Au-delà du chœur, délimité par une série d’arcades reposant sur des piliers romans, une abside semi-circulaire abritant un déambulatoire allait être construite, abritée par des voûtes d’arêtes. Trois de ces travées en voûtes d’arêtes subsistent. Une travée sud a été reconstruite en voûtes quadripartites et la travée la plus orientale a été reconstruite au XIXème siècle, façon « renaissance ». Trois niches-chapelles[13] sans autel avaient été creusées dans les murs les bas-côtés. Elles étaient dédiées à la Sainte-Famille, la chapelle de droite au sacré-cœur de Jésus, celle du centre à la Sainte-Vierge et celle de gauche à Saint-Joseph.

Chapelles creusées dans le mur du chevet

Le chœur avait été éclairé par de larges fenêtres hautes, de style ogival, qui devaient être équipées de vitraux, aujourd’hui disparus.

Vitrail central du chœur XIXème siècle.

L’unique vitrage central du chœur, une vierge à l’enfant portant inscrit « Mater dei », est moderne. Il avait été offert au XIXème siècle par l’industriel Charles Leroy. Un second vitrail, représentant saint Charles Borromée occupe la fenêtre de la façade ouest. Aujourd’hui masqué par les orgues, il est de même origine, offert par la famille Leroy.[14]

 

IV – Travaux de réfection et de sauvegarde à la fin du XVIème siècle.

Voûte quadripartite du XVIème siècle

Réfection des voûtes de la nef et de sa couverture.

À une période datée approximativement entre le XIVème et le XVIIème siècle[15], l’église avait subi des dégradations importantes justifiant le remplacement des voûtes de la nef.  Des traces d’un incendie partiel de l’église sont encore visibles, ce qui a entraîné la fermeture de l’édifice sur une longue période, pour de lourds travaux.

 

Il est aujourd’hui possible de situer ces travaux dans la seconde moitié du XVIème siècle, (Voir note « datation dendrochronologie » ci-après) soit au moment des guerres de religions[16], sans que l’on puisse leur en attribuer directement les dégradations. L’église a en effet été réouverte au culte le 19 octobre 1616 après une longue période de travaux. [17]

La dendrochronologie effectuée en 2005 sur des échantillons de charpente de la nef, fournit une approximation de la date de mise en œuvre des bois de chêne, qui correspond à la période 1550-1590.

Lors de ces travaux importants, les voûtes épaisses de la nef et du déambulatoire sous les collatéraux seront déposées et remplacées par des voûtes d’arcs quadripartites, plus légères. Les arcs-boutants extérieurs ne seront pas modifiés, de sorte qu’ils exercent depuis une poussée au vide qui déforme la structure des murs.

S.Berhault indique que c’est une autre pierre calcaire que celle de Château-Landon, la pierre de Saint-Leu[18], une pierre particulièrement fragile, qui avait été utilisée au XVIème siècle, pour la reconstruction de la voûte gothique de la nef.

Pilier roman consolidé au XIXème siècle

Lors de l’élévation du faux transept au-dessus du niveau de la nef principale, au XIIIème siècle, les quatre lourds piliers romans avaient été rehaussés. Selon S. Berhault, les maçonneries octogonales faites de moellons réguliers que l’on remarque en haut des piliers dateraient de travaux de consolidation financés par Ch.Leroy et sa famille, au milieu du XIXème siècle.

Pilier cimenté XIXème siècle

Plusieurs autres piliers cernant le chœur ont également été « consolidés » au XIXème siècle par ragréage de ciment, ce qui a fait disparaître la pierre d’origine. C’est à la même époque, à l’initiative supposée de Charles Leroy, que les sols de la nef et du chœur ont été recouverts de ciment, faisant disparaître les dalles mortuaires qui s’y trouvaient, dont -peut-être- celle de la donatrice Péronnelle dont on sait par un écrit qu’elle avait été inhumée dans l’église. 

En effet, depuis le XVIIème siècle, au hasard des actes de décès des registres paroissiaux, on trouve trace de ces inhumations dans l’église. Plusieurs curés de Champcueil et quelques nobliaux du Buisson avaient été inhumés « dans le chœur » de l’église. Ce fut le cas pour le curé F.Renard en 1692, de sa sœur Marie Renard en 1698, ou encore en 1774, pour  Joseph Marie Serpin de la Richardière, fermier général, (collecteur d’impôts pour le roi) hébergé au château du Buisson.

 

Pour terminer, une anecdote historique qui nous conduit au XXème siècle. Lors des fouilles de 1985 dans le chœur, deux pièces de monnaie anciennes ont été découvertes, un denier épiscopal d’un évêque de Reims vers 1176-1202 et un denier tournois de 1447.

Une pratique millénaire voulait que les maîtres d’ouvrage fassent insérer par les compagnons maçons une pièce de monnaie à la racine de leurs œuvres, afin d’en « garantir » la pérennité. Dans une église, l’offrande était en général placée dans le « sanctuaire », sous la dalle de l’autel.

Les dates de ces deux monnaies peuvent correspondre à la réfection de l’autel, la plus ancienne lors de la reconstruction du chœur au XIIIème siècle et la seconde lors de travaux de réfection des voûtes et du chœur endommagés au XVIème siècle.

Enfouies avec les gravats lors des remaniements successifs de l’autel, les pièces auront été exhumées lors des fouilles de 1985. 

Note : Datation de la charpente de la nef de l’église de Champcueil.

Dendrochronologie de la charpente de l’église.

Une dendrochronologie a été effectuée en 2005 sur 8 échantillons de chêne, carottés sur 8 fermes secondaires et une ferme principale, parmi les 36 fermes (6 principales et 30 secondaires), que compte la couverture de la nef. Selon les spécialistes des laboratoires qui ont effectué les prélèvements, la charpente paraît homogène, sans traces de réemploi, ce qui suppose des bois de chêne de même époque et de même origine.

L’examen a consisté à comparer et « synchroniser » les cernes des échantillons prélevés, avec les cernes de chênes de références régionales et locales, disponibles en bases de données. Les cernes de croissance annuelle sont différents chaque année, selon les conditions climatiques régionales : températures, ensoleillement, hygrométrie, etc…et il s’agit de retrouver des séquences identiques sur les bois examinés.

Établie sur une moyenne de 80 années pour les 8 échantillons, la datation des derniers cernes mesurés a été située vers 1488. La date moyenne d’abattage possible des chênes se situe vers 1510-1530, en tenant compte des aubiers[19] non comptés, car éliminés des bois d’œuvre, et qui peuvent représenter de 10 à 40 ans. Si l’on ajoute à cette date les temps du sciage de long en forêt, du transport, du séchage (2 ans par pouce d’épaisseur en moyenne) puis du stockage en attente d’utilisation, ce bois provenant de forêts de la région sera utilisé dans la seconde partie du XVIème siècle, ce qui corrobore la date des travaux de réfection estimée entre 1550 et 1590.

La réouverture de l’église au culte après cette longue période de travaux a eu lieu le 19 octobre 1616.[20]

Diverses vues de la charpente de l’église.

Charpente du clocher

Charpente de la couverture du chœur.

Charpente de la couverture du déambulatoire latéral nord

Charpente bas-côté sud

Abaissement du clocher

Le clocher actuel de l’église

Les traces d’incendie dans la partie orientale de l’église laissent supposer que le clocher fut victime de l’incendie.

Réparé, coiffé d’un pavillon couvert d’ardoises… et de son coq-girouette surmontant une croix en fer forgé, le clocher perdra son étage supérieur, non reconstruit.

L’une des poutres de la charpente porte la date de 1763, mais selon S.Berhault, il s’agit vraisemblablement d’une réparation partielle tardive et non de la date de réfection totale de la charpente après le sinistre.

Jusque dans les années 1970, une seule cloche : la vaillante Geneviève, fondue en 1566 et pesant 960 kilogrammes, était présente dans le clocher. On pouvait voir à ses côtés deux moutons de chêne, plus petits que le joug qui supporte Geneviève, mais vides de leurs cloches. Selon une rumeur non vérifiée, les deux cloches absentes auraient été démontées à l’époque de la Révolution et transférées à l’église St-Spire de Corbeil.

GENEVIÈVE fondue en 1566

 

Construction d’un narthex devant le porche. 

Narthex devant le porche de l’église.

Nommé “Ant-église” par  Violet-Le-Duc, le narthex a été édifié tardivement devant le porche, peut-être lors des travaux de la fin du XVIème. La bâtisse rajoutée occultait les ouvertures préexistantes en arc brisé qui encadraient le porche, des niches de statues peut-être, aussi l’avait-on pourvue d’ouvertures gothiques à l’avant et sur les côtés.

Devenue “Temple de l’être suprême” à la période révolutionnaire, l’église avait servi aux réunions municipales et aux festivités calendaires durant une dizaine d’années et c’est certainement à cette époque que le narthex avait été “sécurisé”, ses ouvertures condamnées et une porte posée en façade.

La porte sera supprimée et, dans les années 1980-90, les trois côtés du narthex seront à nouveau percés d’ouvertures en arc brisé, dont les angles vifs trahissent la modernité.

Notons également qu’un appentis servant de sacristie avait été construit à une date inconnue, à l’extérieur de l’église, devant la porte de service sud transformée en porte d’accès à la sacristie. Cet appendice disgracieux a été démoli dans la seconde moitié du XXème siècle.

Diverses vues de l’église. Détails.

Madone à l’enfant attribuée à Mignard 17ème siècle. Réinstallé en 2008 sur le buffet de l’orgue.

Le porche vu depuis le narthex

Voûte orientale de l’abside réparée au XIXème siècle

Arcs boutants de la voûte du chevet

ANNEXES historiques et ACTUALITÉS

 

Le syndic de la paroisse.

Jusqu’à la Révolution de 1789, Champcueil était une paroisse et le rôle de responsable, de chef du village était tenu par un syndic, choisi lors d’une messe particulière dans l’église. Ainsi en 1788, l’année précédant la Révolution, c’est Mr Jean Menet, cultivateur-propriétaire à Noisement qui avait été désigné syndic de la paroisse. Il était assisté dans cette tâche par M. de Bizemont[21]  châtelain du Buisson, par M. Blanchard de Boismarsas, conseiller du roi pour l’élection septième de Melun, domicilié lui aussi au château du Buisson  et par le curé Claude-Victor Blanchard.

Inutile de préciser que la population soumise et souvent peu instruite laissait la place… et le pouvoir à ces notables du village, nobles, gros fermiers ou ecclésiastiques.

En 1790, c’est encore ce noble, ex-conseiller du roi, Claude Blanchard de Boismarsas, que ses pairs désigneront comme le premier maire de Champcueil, sous la Première République.

L’horloge Bréguet. 1859

 

En 1859, à l’occasion de son mariage avec le Docteur Lionnet, chirurgien à l’hôpital de Corbeil, Melle Louise Charlotte Bréguet, fille de l’industriel parisien A.Bréguet, fabricant d’horloges et propriétaire du château du Buisson, avait fait don à la municipalité d’une horloge pour le clocher.

Cadran de l’horloge Bréguet

Cette horloge sonnera les heures et les demi-heures jusque dans les années 1960. C’est après une tentative malheureuse de réparation du mécanisme par un habitant, que l’horloge Bréguet allait être remplacée par une horloge électrique puis, en 1991, par une horloge électronique. Disparue sans explications, la pièce de musée que constituait l’horloge Bréguet n’a pas été conservée par la municipalité.

Seul le cadran ancien subsiste aujourd’hui sur le clocher.

Coq girouette en cuivre martelé

Peut -être aurait-elle pu être exposée comme l’est l’ancien Coq de clocher en cuivre martelé visible dans le hall de la mairie ?

Jusqu’en 1988, la sonnerie des heures de l’horloge sera assurée par le “mi” frappé de l’ancêtre Geneviève. A cette date, sur initiative personnelle d’un conseiller municipal, des cloches seront fondues « avec la participation financière de donateurs anonymes » et installées au fil des ans dans le clocher. On doit en compter huit à ce jour, d’un poids allant de 600 kg pour la plus grosse à 450, 150, 50,40 et 30 Kg.

jeu du carillon!

À commande manuelle ou mécanique, ces cloches ont désormais pour objet de « jouer des sonneries » selon diverses compositions, dont les angélus du matin, ainsi que diverses compositions, cultuelles ou non. Un « angélus in Champcueil » (sic) a été composé pour ces cloches !

Curieusement, depuis trente ans, les conseils municipaux successifs ont toléré cette profusion de campanelles, dans l’indifférence apparente des Champcueillois.

Devenues « immobilier par destination » les  cloches ajoutées deviennent propriété de la commune… laquelle «récupère» également la charge de l’entretien.

Concession privée faite aux citoyens de la commune, de superfétatoires quarts d’heures « laïcs » de l’horloge municipale allaient être offerts, tintés par deux cloches de 30 et 50 Kg, rajoutées en 1988 et 1989. Ouf !

 

 

 Loi de 1905 . Inventaires des biens de l’église

Église vers 1950. Clocher couvert d’ardoises et fenêtres hautes bouchées.

Après le long concordat napoléonien promulgué en 1802, et qui avait redonné à la hiérarchie catholique le libre usage des lieux de culte devenus biens publics, une loi dite « de séparation de l’église et de l’État » sera déposée en 1905 par Aristide Briand, à l’initiative d’une majorité de députés convaincus de l’importance décisive de la laïcité dans la vie publique.

La loi de 1905 contient, en peu de phrases, le noyau dur de nos Libertés fondamentales. Elle assurait le Citoyen de la liberté de conscience et interdisait la reconnaissance, l’aide ou le financement des cultes par l’État.

  • Article 1er: « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public.
  • Article 2 : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. (…). »

le solde du texte concerne les modalités d’application :  répartition des biens de l’Église, associations cultuelles, etc.

En 1882-1884, les lois Jules Ferry avaient évincé les croyances religieuses des écoles, en imposant l’instruction publique laïque, gratuite et obligatoire pour tous les enfants de la République.

La loi de 1905 allait compléter cette avancée rationnelle et citoyenne en redéfinissant les relations entre l’état, les collectivités publiques propriétaires des églises et autres lieux de culte, et la structure cléricale.  Elle sera appuyée par de fortes personnalités, des combattants de la laïcité : Ferdinand Buisson, Georges Clemenceau, Émile Combes….

Loi fondamentale de la constitution, la loi de 1905 est de plus en plus contournée, bafouée, voire violée, en toute impunité, par les politiciens chargés de la faire respecter, et par d’innombrables communautarismes ethno-religieux, genro-sexuels, comportementaux…

Mais lors de son application, elle allait donner lieu à un inventaire strict des biens du clergé dans les lieux de cultes propriétés de la collectivité nationale. Ce fut le moment d’affrontements parfois violents, plus souvent pour le principe que pour les pique-cierges et autres « bouts de chandelles » en balance dans les inventaires d’églises rurales.

 

Le château Leroy démoli en 1909

À Champcueil, cet événement fut l’une des raisons de la rupture de la famille Leroy, catholique engagée, d’avec le village. Neveu du patriarche Charles Leroy, Isidore Leroy avait fait construire en 1874 une maison de maître, le « château Leroy », à l’emplacement des restes du château féodal qu’il avait fait raser. Il postulait pour l’élection municipale de 1906, et après le camouflet de l’inventaire qu’il n’avait pu empêcher, il fut battu lors du scrutin. Il fit alors raser son château en 1909, après en avoir vendu les meubles aux enchères, et il alla s’installer avec sa famille dans leur propriété des Montils.

Facture deux chasubles 1852

L’inventaire des biens du clergé « champcueillois » n’a pas été retrouvé. Il devait porter sur peu de chose, à l’image de celui de l’église de Chevannes, dont le détail est fourni ci-après.

NB :  Le prêtre cosignataire était à cette époque curé titulaire de l’église de Champcueil. Il était aussi le desservant de Chevannes et d’Auvernaux,

 

Inventaire de l’église de Chevannes.  (4 pages)

Inventaire Chevannes 1903  1

Inventaire Chevannes 2

Inventaire Chevannes 3

Inventaire Chevannes 1903 4/4

Plaque commémorative des morts de 1914 – 1918

 

Plaque aux morts 1914-1919! dans l’église.

Au début des années 1920, à peu près à l’époque de la réalisation du monument aux morts, la famille Leroy avait lancé une souscription, complétée sur ses deniers, pour l’achat d’une plaque commémorative, à placer dans l’église en hommage aux Champcueillois morts pour la France lors de la guerre de 1914-1919.  Mais pas un hommage à tous les Champcueillois morts pour la France, seulement aux Champcueillois « baptisés », puisque la liste figurant sur la plaque avait été amputée de deux noms « impies », sans doute indignes de figurer aux côtés des Poilus Champcueillois, morts, comme eux, pour la France.

Et pourquoi 1914-1919 et pas 1914-1918 ?

La capitulation allemande actée le 11 novembre 1918, un important « corps expéditionnaire » de soldats Français avait cependant été envoyé en Russie par l’exécutif, pour combattre l’URSS balbutiante. Ces  “Mutins de la Mer Noire” se révolteront et ils refuseront de participer à cette contre-révolution. Devenus incontrôlables, leur retour en France sera précipité fin 1919.

Ainsi, 1919 fut une année de « croisade » avortée, menée par l’Europe contre la « révolution d’octobre 1917 », ce qui peut expliquer cette datation décalée. Une « année de trop » pour cette guerre atroce.

Pour revenir à cette plaque, bien peu laïque, elle fut déposée dans les années 1970-80 lors des travaux de réfection de l’édifice. Elle a été reposée dans l’église lors de la cérémonie du centenaire de la capitulation allemande, le 11 novembre 2018, sur une initiative privée, avec la participation inadéquate de deux associations du Foyer Rural.

 

Les fouilles conservatoire de 1985  dans le chœur de l’église.

L’église en 1975 échafaudages et réouverture des fenêtres hautes.

Dans les années 1970/1975 déjà, d’importants travaux avaient conduit à la consolidation de quelques voûtes dégradées et à la réouverture des fenêtres hautes du chœur et de la nef, alors murées par sécurité. A cette époque, F. Leroy propriétaire des Montils mariait sa fille et pour l’occasion, il fit don à l’église de verrières en grisailles afin d’habiller les fenêtres dégagées.

Puis, dans la perspective de développer des activités péri-cultuelles dans l’église, l’installation d’un chauffage par le sol avait été projetée à l’initiative d’un conseiller municipal.

A titre conservatoire, des fouilles allaient alors être engagées dans le chœur de l’édifice, sous la direction d’architectes des monuments historiques,

Les fondations d’une abside et des murs seront mis au jour, indiquant la présence d’une église primitive, que les experts allaient dater de l’époque carolingienne.

De nombreux ossements humains, dont un squelette d’enfant seront exhumés, indiquant vraisemblablement la présence plus ancienne d’un camposanto, un cimetière attenant à l’église primitive.

Finalement, le chauffage par le sol sera abandonné, et les pressions locales aboutiront au classement de l’église au titre de monument historique.

Ce classement rendra quasi obligatoire l’entretien régulier et la restauration de l’édifice aux frais partagés de la commune et de divers organismes culturels pourvoyeurs de subventions, selon un ratio approximatif de 75% de subventions et 25% à charge de la commune.

La municipalité est depuis dans l’obligation de se soumettre aux contraintes des architectes des monuments de France pour tous travaux d’entretien concernant l’édifice.

 

Les   orgues Thomas…

A la suite de ce classement, de lourds travaux de réfection de l’église seront engagés, par tranches successives. Puis un projet élitiste de construction de grandes-orgues dans l’église verra le jour en 2003, sur une initiative personnelle.

Il n’y eut pas, à notre connaissance, de consultation de la population sur l’utilité sociale d’un tel instrument coûteux et qui représentait une entorse à la Laïcité.

Le conseil municipal décidera de réaliser l’opération, d’un coût total estimé de 390.908 € HT, subventions diverses comprises, dont une part à charge de la commune. Des demandes de subventions sur la « réserve parlementaires » pour rembourser la TVA seront refusées.

La préfecture fera savoir que « les dépenses ayant pour objet de faire entrer dans le patrimoine de la collectivité, un nouvel élément lié à l’exercice du culte sont inéligibles à cette aide ». 

La réalisation sera confiée à la manufacture belge d’orgues Thomas, selon le choix de la commission d’appel d’offres. Le marché sera signé en 2007 et l’instrument sera opérationnel en 2008.

 

Les fresques sur litres dégagées au XXIème siècle

Blason sur litre

Une campagne de dégagement des fresques murales recouvertes a été engagée dans l’église après 2010. Plusieurs bandeaux de “ litres” et des dessins isolés ont ainsi été mis au jour dans le déambulatoire nord et par endroits dans la nef.

Les membres de la noblesse, qui exigeaient fréquemment d’être inhumés dans “leurs” églises, s’attribuaient aussi le privilège du “droit de litre”, ce qui leur permettait de faire figurer les blasons de leurs défunts sur un bandeau de deuil, ou litre funèbre. (Du latin lista : bordure.)

 

L’on sait que des Bizemont du Buisson avaient plusieurs de leurs sépultures dans l’église de Champcueil, comme ils en avaient à Mondeville, où une clé de voûte de l’église porte leur écusson polychrome, très dégradé mais encore déchiffrable.

Malgré la proximité du Buisson, les blasons dégagés sur les fresques  dans la partie nord-ouest, sont tous apparentés aux Neufville de Villeroy, seigneurs de Champcueil de 1612 à 1789 et non aux Bizemont.

Blason des Bizemont . (Champcueil Le Buisson)

 

Le blason des Bizemont est dit « D’azur, au chevron d’or, accompagné en chef de deux croissants d’argent, et en pointe d’une molette d’éperon d’or.

 

 

 

Blason des Neufville de Villeroy. (Mennecy)

Celui des Neufville est proche « D’azur au chevron d’or et trois croisettes ancrées du même ».

Mais on ne peut les confondre, puisque les symboles ou « meubles » qui les complètent sont différents : croissants et éperon pour le premier, trois croisettes pour le second.

D’autres blasons similaires et quelques croix isolées ont été également dégagés.

Blason des Neufville dans l’église

Altération des couleurs ou blason modifié, les écus découverts ne sont pas d’azur (bleu), mais de gueule (rouge), et les chevrons et les croisettes ne sont pas d’or mais de sable (noir), enfin une couronne ducale, également de sable surmonte le blason.

 

 

 

Blason Bizemont église de Mondeville

L’écu des Bizemont de l’église de Mondeville est lui aussi de gueule et non d’azur. On notera que ces deux émaux : gueule et sable, se retrouvent sur un blason des Neufville dans le Hainaut (Belgique) et sur un blason des Bizemont originaire des Flandres françaises.

 

 

 

 

Incidemment, l’on fera remarquer que le « blason » moderne de Champcueil, créé par le conseil municipal dans les années 1980, d’après un projet soumis à concours, (Lauréat G.Ceriani) reprend une copie erronée du blason des Neufville de  Villeroy, seigneurs de Champcueil et autres lieux.

En effet, les trois croisettes centrales qui devraient y figurer ont été remplacées par trois fleurs de lys, réservées sous l’ancien régime au seul pouvoir royal.

C’est une double faute, après le “clin d’œil”[22] anti-républicain envers une famille de la noblesse qui a tenu Champcueil et sa région sous le joug royal durant 177 ans !

Panorama depuis la Coudraye.

 

Quel devenir municipal pour l’église ?

 

Avant 1789 et la Révolution, les nobles locaux, appuyés par quelques gros propriétaires confisquaient l’église, outil de pouvoir, pour leur propre usage. Après la Révolution, ce seront des industriels parisiens qui prendront leur place dans l‘église, à grands renforts de donations, d’engagements religieux et de bonnes œuvres communales.

Jamais au premier rang des conseils municipaux, ils seront toujours discrètement présents au milieu des listes électorales, afin de peser de l’intérieur sur les politiques municipales.

Ce n’est que petit à petit, que la Mairie s’imposera comme centre du village à la place de l’église, de moins en moins fréquentée.

Cette désaffection des lieux de culte secondaires concerne la France entière.

Depuis une vingtaine d’années, plusieurs centaines d’églises de villages français, vides de fidèles, ont été « désacralisées », et remises par les évêchés aux mairies qui en disposent et parfois les vendent.

L’option n’est pas à l’ordre du jour à Champcueil. Même désacralisée faute de fidèles ou d’officiants, l’église de Champcueil, classée à l’inventaire des monuments historiques, ne pourra pas être vendue.

Quelle utilité sociale, pour ce vénérable édifice, propriété inaliénable de la Commune et de ses habitants, quelles activités CULTURELLES y développer, qui profiteraient à TOUS ?

Comment faire partager collectivement l’enthousiasme pour cette bâtisse qui renferme dans ses pierres plus de mille ans d’histoire de Champcueil ?

Simplement la faire vivre, avec des activités culturelles non élitistes et non partisanes, de la culture-plaisir qui ne fasse pas fuir les auditeurs-spectateurs, des activités qui puissent être partagées par TOUS.

De la musique classique, des récitals de jeunes solistes, des chorales, de petites formations musicales, et des expositions, des animations locales, des représentations théâtrales… du partage…de la générosité… de l’imagination…

 

Bernard PACORY . Février 2021

Crédit photographique :

Bernard PACORY, Antoine Dilly-PACORY, Gérard FOLLET, Bernard GIUDICE.

Cliquer sur les photos pour les agrandir.

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Eglise de Champcueil pour JDF 2021 images

Texte et photos libres de droit, sous réserve de préciser leur provenance.

 

NOTES – renvois dans le texte.

[1] La Mer Stampienne qui recouvrait toute la région doit son nom à Étampes. Le Lac de Beauce lui succédera jusqu’à ce que les mouvements telluriques et l’évaporation le fassent disparaître.

[2] “Chancolia” est la transcription latine phonétique de chancoïllia. On trouve durant plusieurs siècles Champcueil écrit “Chanqueille”ou Champqueuille. Ce nom a pu se former à partir du latin campus (plaine, champ, espace découvert… ) et de colha, pluriel de collines altéré en colia. Le glissement phonétique de campus vers camp puis champ et de coillia vers queuille a fini par se transformer en Champcueil !

[3] Hugues Capet avait menacé un comte rebelle : “Qui t’a fait comte ?” Et le comte de répondre “Qui t’a fait roi ?” Il aurait aussi bien pu dire à un ecclésiastique “Qui t’a fait évêque ?” ou “qui t’a fait pape ?” et s’entendre répondre “Qui t’a fait roi ?”

[4] En mai 1825, Charles X fut le dernier à se faire couronner roi de France à Reims, selon les rites de l’église catholique romaine.

[5] Le Hurepoix fut d’abord défini comme Pagus Orobiensis, un nom dû à Orobia, la rivière l’Orge. Ensuite, ce territoire compris entre les rivières l’Orge, l‘Essonne et la Seine rive gauche, devint pagus Heripensi ou Huripeni, puis  Hurepoix jusqu’à nos jours.

[6] « Les antiquitez de la ville, comté et chastellenie de Corbeil ». 1647 par Jean de la Barre Prévôt de Corbeil .

[7] Les églises catholiques sont dites orientées, leur chevet tourné vers l’Orient. (L’Est ou Jérusalem !)

[8] Le transept est la partie de l’édifice au centre de la croix formée par la nef Est-ouest et les bras de la croix nord-sud. Lorsque les bras ne sont pas formés, comme dans l’église de Champcueil, on parle de « faux transept ».

[9] Les vicomtes de Corbeil avaient en apanage le fief de Fontenay, près de Mennecy, qui prendra le nom de Fontenay-le-Vicomte. L’apanage est la propriété “viagère” d’un bien qui revient au roi au décès du bénéficiaire.

[10] Beauvais était alors un fief seigneurial, qui disparaîtra au début du XIVème siècle au bénéfice de Champcueil.

[11] Péronnelle devait être familière de la Reine Blanche de Castille, mère et régente de Louis IX, qui avait Corbeil en douaire et qui y venait fréquemment. Cependant, rien ne permet de dire que la reine ait participé au financement du projet de modification de l’église de Champcueil.

[12] Stéphane Berhault, architecte des monuments historiques. “L’église de Champcueil ». 2005.

[13] Ces niches dédiées à la Sainte Famille ont été parfois nommées “piscines”, par quelques historiens, laissant supposer qu’elles avaient pu servir aux ablutions rituelles des desservants.

[14] Il n’y a pas d’explication à la représentation du cardinal italien Charles Borromée dans l’église de Champcueil. Canonisé en 1610, peut-être doit-il sa présence à Charles Leroy, pour l’homonymie des prénoms ?

[15] “L’église de Champcueil” par Stéphane Berhault, 2005.

[16] Les historiens datent les guerres de religions opposant catholiques et protestants, entre 1561 et 1598.

[17] Le 19 octobre 1616, une cérémonie dite de dédicace a en effet eu lieu, confirmant la consécration de l’édifice à Notre Dame de l’Assomption lors de sa réouverture.

[18] La pierre de saint-Leu (Picardie) est un calcaire lutétien exploité à partir du XVème siècle, ce qui indique une reconstruction des voûtes après cette date.

[19] L’aubier est la partie extérieure de l’arbre.

[20] Le 19 octobre 1616, après une longue période de fermeture, eut lieu, comme il est d’usage, une cérémonie de confirmation de dédicace de l’église paroissiale à sa patronne depuis l’origine : Notre-Dame de l’Assomption.

 

[21] Avec le duc de Villeroy  seigneur de Champcueil,  les Bizemont du Buisson et le curé  Claude Blanchard furent recensés par une commission nationale le 8 décembre 1789 comme les « privilégiés » du village.

[22] « Clin d’œil à la famille Neufville de Villeroy… »  est la formule utilisée dans la gazette municipale de l’époque.

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