• "La liberté commence là où finit l'ignorance."
    (Victor Hugo 1802-1885)

PORTRAIT 2/3 Georges Lemaitre à Bondy 1925- 1943

                    Georges Achille Lemaitre  à Bondy

Deuxième époque: 1925 – 1943

 Après sa  démobilisation fin 1918, Georges Lemaitre avait repris son activité commerciale auprès de ses parents, dans le magasin de papeterie de Bondy. Il sortait peu, consacrant beaucoup de temps à son travail.

Papeterie Lemaitre Bondy vers 1930

Les Lemaitre avaient comme parents, clients et amis, les Cailloux qui habitaient à Paris, rue Custine. L’épouse de Henri Paul Cailloux, de son nom de jeune fille Laure Clara Lemaitre, était une parente du père de Georges et les deux familles entretenaient des relations suivies. Parents et commerçants tous deux dans le secteur de la papeterie, les ménages Cailloux et Lemaitre étaient cependant fort différents.

Laure et Henri Cailloux

Si les Lemaitre formaient un couple assez peu expansif, centré sur leur commerce et leur famille, les Cailloux affichaient leur réussite au sein de leur milieu socio-professionnel parisien. Leur commerce de la rue Custine marchait fort bien et ils étaient amenés à recevoir et à sortir fréquemment.
Chez les Cailloux, le père n’était plus mobilisable en 1914, mais il avait été un réserviste actif. Il portait beau l’uniforme et ne manquait pas une occasion de le montrer. Une allure plutôt altière, une petite barbiche en pointe et des moustaches bien taillées lui donnaient des airs de Napoléon III. Son épouse était conforme aux canons sociétaux de la bourgeoisie de l’époque, accueillante, empressée et très épanouie.

La famille cailloux avec Henriette

Ils avaient une fille unique, Henriette, née en 1902. Mince, élancée, d’instruction modeste, Henriette était très affable, souriant toujours, même aux propos les plus insignifiants. Georges et Henriette se rencontraient lors des réunions familiales, mais ce sont les décès du père d’Henriette, puis celui de sa mère en 1925, qui allaient rapprocher les deux jeunes gens.
Georges et Henriette se marièrent en Mars 1926. Lors du mariage de Georges et Henriette, les parents Lemaitre portaient encore le deuil de Germaine, leur fille décédée en 1923, une perte qui avait profondément affecté Georges et ses parents.

Les parents de Georges à son Mariage 1926

L’année suivante, le père de Georges décéda à 72 ans, laissant à son fils, unique héritier, la gestion d’un commerce florissant.  C’était la « belle époque », propice à toute sorte d’excès après la terrible saignée des années de guerre. Les jeunes mariés en profitèrent et même, en abusèrent. Dans la continuité de ce qu’avait connu Henriette chez ses parents, le couple sortait beaucoup, dépensait beaucoup. Ils affectionnaient les bals costumés, où Georges se mon-

Georges en Porthos, Henriette en Marie-Antoinette

trait en Louis XVI, en mousquetaire à la Porthos ou encore en « bibendum », un personnage-réclame de pneumatiques alors qu’ Henriette apparaissait en paysanne à la Marie-Antoinette ou en « merveilleuse ».

 

 

Georges en « Bibendum »

Ils disposaient d’ une automobile avec un chauffeur occasionnel pour les déplacements d’Henriette, mais Georges, titulaire d’un « permis de conduire les automobiles à pétrole » la conduisait lui-même. Ils voyageaient également beaucoup, négligeant la gestion de leur magasin.

Henriette en auto vers 1930

Le commerce de papeterie de Bondy comptait cinq employés: trois hommes qui géraient le quotidien, préparaient les commandes, livraient et assuraient les manutentions, et deux femmes qui assistaient ou suppléaient Henriette, à l’accueil des clients et aux prises de commandes. Ils avaient vendu la papeterie parisienne des Cailloux et l’immeuble de rapport de Bondy. Leurs économies placées dans une petite banque régionale, ils envisageaient de vivre de leurs rentes.
Vint 1939 et la seconde guerre mondiale !

Henriette en automobile devant Chambord vers 1927

 

 

 

 

Au moment de la déclaration de guerre à l’Allemagne, Georges, réserviste de plus de quarante ans , fut rappelé et ses trois employés allaient être mobilisés. La mère de Georges était totalement retirée du commerce et son épouse Henriette était dans l’incapacité de gérer seule le commerce de papeterie. Le commerce périclita très vite et ce fut, au début de l’occupation, la liquidation et la perte de leurs biens. La dévaluation, puis la faillite de la banque détentrice de leurs économies achevèrent de les ruiner.
Au début de 1943, Georges chercha alors une solution qui puisse les sécuriser, lui, son épouse Henriette et sa mère.
Ils avaient des cousins agriculteurs, les Colin, qui habitaient Champcueil où ils exploitaient en métayage la ferme des Montcelets, propriété de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris.

Ferme beauceronne typique, entièrement close de hauts murs, l’exploitation agricole comportait une habitation spacieuse que les Colin utilisaient. Ils étaient propriétaires de plusieurs biens immobiliers sur Champcueil, dont une belle maison bourgeoise en meulière, ouvrant au sud sur le Chemin de Beauvais. C’est dans cette maison qu’ils acceptèrent d’héberger et de prendre en charge Henriette, Georges et sa mère.
Et c’est ainsi qu’au cours de l’année 1943, les Lemaitre arrivèrent à Champcueil dans leur automobile Citroën, seule relique de leurs fastes passés. Ils allaient rester quelques mois Chemin de Beauvais, puis ils iront loger dans une autre propriété des Colin, une ancienne longère de ferme désaffectée sise aujourd’hui au 8 rue de Nainville.
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